Katinka Lampe - Pour un classicisme éminemment contemporain : Exposition à la Galerie les Filles-du-calvaire du 18 mars au 30 avril 2016...
Katinka Lampe, artiste néerlandaise, poursuit une remarquable carrière jalonnée de nombreuses expositions et ensembles picturaux qui associent une surprenante contemporanéité, de par son style et ses sujets, à une filiation avec l’histoire de la peinture et le genre du portrait — dont la scène hollandaise contemporaine englobe plusieurs de ses dignes représentants tant en peinture qu’en photographie.
En 2014, elle a présenté une exceptionnelle exposition au célèbre Musée Van Loon d’Amsterdam. Celui-ci abrite un ensemble historique de portraits familiaux jalonnant plusieurs siècles dont les descendants qui, en sont toujours les propriétaires et les mécènes, sont très actifs dans le champ de l’art contemporain auquel ils dédient des expositions temporaires. Ils ont souhaité cette fois-ci aller plus loin en prolongeant la collection de portraits par un grand ensemble commandé à Katinka Lampe. Elle s’y est consacrée pendant plus de deux ans.
Lors de l’exposition, l’artiste a intégralement re-scénographié le musée en mettant en miroir ses portraits avec ceux de la collection, exposés dans les pièces d’habitation de cette grande demeure bourgeoise du XVIIème — muséographiées avec leur mobilier et leur décor d’époque XVIIIème. Cette exposition a suscité plus de 35 000 visites et un succès retentissant trouvant une véritable résonance tant auprès des amateurs d’art ancien que d’art contemporain.
Crédits Katinka Lampe & Galeries Les Filles du Calvaire, Paris
Pour autant, les portraits de Katinka Lampe de la famille van Loon sont résolument contemporains puisqu’ils représentent principalement, comme souvent dans son art, des jeunes personnes accoutrées avec habits et accessoires, tenant plus du fantasme et de la mascarade que du hiératisme protestant des portraits anciens. De même, Lampe joue à nouveau des codes séculaires de la posture du sujet en choisissant un cadrage détonnant, inspiré des photographies qu’elle réalise de ses modèles au moment de leur « mise en costume » dans des scènes orchestrées librement avec ses personnages. Les cadres, des gros plans la plupart du temps, renforcent souvent l’effet d’étrangeté et confèrent parfois au personnage un aspect grotesque, voire grimaçant, venant intensifier le décalage temporel provoqué par la perruque ou le masque qu’il arbore.
Dans un deuxième temps, Lampe s’inspire de ces images au moment de leur « mise en peinture », sans pour autant en faire des copies conformes. A la différence d’autres peintres contemporains, à l’instar de Gerard Richter, qui s’inspirent directement de la technique photographique Katinka Lampe confère à la photographie un rôle d’incubateur qui permet autant aux modèles de se plonger dans un univers fantasmagorique et de libérer leurs énergies profondes qu’à l’artiste de capter leur singularité. Lire aussi ici
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