jeudi 18 janvier 2018

Makala ( Un film de Emmanuel Gras )...

Jeudi dernier, avec des amis, nous assistons à la projection de "Makala", un film de Emmanuel Gras.
Makala (charbon en lingala ou en swahili) est un film d’une richesse exceptionnelle. Il a obtenu le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes.

Au Congo, un jeune villageois, espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.


Totale immersion dans le quotidien d’un villageois congolais
Quand on n’a pas d’argent et que l’on doit faire vivre sa petite famille, la seule solution est de prendre ce que nous offre la nature et de le transformer soi-même. C’est le quotidien de Kabwita dont le seul bien est un vélo. Avec des outils qu’il a lui même fabriqué, il abat un arbre et en fait du charbon. Pour le vendre, il doit alors entamer un périlleux périple entre pistes sableuses et routes sombres investies par d’énormes camions. Ce petit commerce ne permet aucune fourniture ni aide extérieure tant le revenu qui en résulte est incertain et vital.

Ainsi, la dureté du voyage est loin d’être proportionnelle au bénéfice escompté. En effet les plus gros désagréments que va connaître Kabwita sont provoqués par une injustice récurrente autant qu’ordinaire. Racket et marchandage sont le nerf de la guerre et notre homme ne peut gagner que ce que la rue lui laisse. Portrait sans fard d’une société congolaise (celle de la République démocratique du Congo, pour être plus précis) où la loi du plus fort régit le quotidien de chacun, "Makala" conjugue fiction et réalité. Kabwita joue en effet son propre rôle et ses actions ne sont pas régies par une demande du cinéaste.

Pourtant, le film n’est pas qu’un simple documentaire. Travaillé et construit, le film d’Emmanuel Gras met en lumière son personnage au propre comme au figuré. Kabwita dégage une vraie présence et à aucun moment il ne semble interagir avec la caméra qui le suit. Au contraire, elle l’accompagne dans la difficulté en prenant le temps qu’il faut, car pour Kabwita tout est question d’endurance. En résulte un vrai travail de cinéaste qui nous plonge, le temps d’une séance, dans un quotidien complexe et pénible où, faute de lois, seule la religion semble être protectrice. (Gaëlle Bouché)

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