dimanche 4 juillet 2010

Pourquoi parler fort ?

Ne vous est-il jamais arrivé d'être agacé d'entendre à haute voix une conversation qui ne vous intéresse en rien ? Il y a un mois, pendant notre escapade à Paris, nous avons assisté à cette situation dans le train qui nous emmenait d'Etampes à Paris-Austerlitz. Avons-nous besoin de déballer une partie de notre vie en public ?
Je vous livre un billet (Hémiconversations) que je découvre sur le blog de Christophe André qui relate d'un fait similaire.

"L'autre jour, je bavardais des pollutions sociales avec un copain. Et il me racontait cette grande pollution des voyages en train (notamment) : la conversation à voix haute sur un portable, dont tout le wagon profite. Je me demandais pourquoi c'est si agaçant, après tout ?! Finalement, lorsque deux personnes bavardent en vrai dans le compartiment, cela va faire 2 fois plus de bruit (elles sont deux) et donc 2 fois plus de gêne. Ben non, me répondit-il.

Non, parce que d'abord, lorsqu'on parle dans un portable, on a tendance à parler plus fort qu'en face-à-face : c'est un classique de la psychologie du contrôle. Vous savez, le fait que quand on veut faire des gros chiffres en jouant aux dés, on les jette plus fort que quand on veut faire des 1 ou des 2 (là, on les jette doucement). Et au téléphone, c'est pareil : on a montré que plus les gens téléphonaient à des personnes se trouvant géographiquement loin, plus ils avaient tendance à parler fort dans le combiné. Ça ne sert à rien, mais c'est comme ça : de notre mieux, sans nous en rendre toujours compte, nous tentons d'exercer un contrôle sur les petits détails de notre vie. Et du coup, on parle inutilement fort dans nos portables, parfois.

"Et non aussi, me dit-il, parce que ce sont des hémiconversations. Ton cerveau peut faire abstraction des vraies conversations, si elles ne se déroulent pas trop fort. Mais pas de ces conversations téléphoniques bancales, où tu n'entends que la moitié des répliques : trop anormal, trop artificiel, nos neurones ne savent pas se mettre en position off..."

Ça m'a bien plu, ces explications. Bon, ce n'est pas sûr que ça m'aide beaucoup à mieux supporter les prochaines hémiconversations. Mais si, peut-être ; ce sera une petite consolation mesquine : je me dirai qu'elles ne procureront qu'un hémiplaisir à leurs émetteurs, au lieu du plaisir d'une vraie conversation. Ou de celui, encore plus savoureux, d'un moment prolongé de silence..."

Crédit photo RMN - La Marie du Port de Marcel Carné 1949, Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, Paris.

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