Avec les gens qui par finesse écoutent tout et parlent peu, parlez encore moins ; ou si vous parlez beaucoup, dites peu de choses. [Jean de La Bruyère - Extrait des Caractères]
On me fait remarquer que je parle beaucoup et ne sais pas rester une seconde sans l'ouvrir. On me pardonnera j'espère cette attitude. Cette obsession est paradoxale parce qu’elle accompagne une irréversible et lente peur de me sentir seul dont je tente, à ma façon, de conjurer les effets néfastes. Participer à une conversation, discussion conviviale ou papotage, appelez ça comme vous voulez mais pour moi c'est positif. Cela m'inspire pour vous livrer ce billet, déjà publié en février 2010.
Crédit photo RMN, Asselin Maurice 1882-1947, Le café dans le jardin 1922, musée des Beaux-Arts de Cambrai
La discussion et le papotage sont essentiels dans les relations entre amis ou en famille. Pipelettes, soyez fières de l’être ! D’après les psychologues, ce charmant défaut, n’en est finalement pas un. S’il irrite parfois notre conjoint, le papotage peut libérer les tensions et s’avérer aussi efficace qu’une thérapie !
Papoter avec sa voisine de table, la gardienne de l’immeuble ou sa coiffeuse, parler de tout et de rien, du beau temps qui s’en va et des vacances qui sont loin, ou encore des dernières tendances de la mode, cela n’a l’air de rien, mais c’est essentiel ! Ces bavardages nous permettent de nous évader du quotidien et d’établir le contact avec les autres.
D’autre part, quand les confidences se font plus sérieuses, formuler nos soucis ou nos contrariétés nous aide à les relativiser : cela soulage. D’ailleurs, pour Marie Haddou, psychologue clinicienne et auteur de "Avoir confiance en soi" (éditions Flammarion), "le bavardage permet de faire chuter la tension nerveuse ! Parler nous évite des somatisations, puisque nos émotions (positives ou négatives, tristes ou gaies), s’expriment au lieu de s’enfouir au plus profond de nous. D’ailleurs, le fait que les femmes soient aussi bavardes explique qu’elles soient moins violentes que les hommes et qu’elles soient bien moins nombreuses derrière les barreaux !".
Une véritable thérapie...
Pratiquement toutes les psychothérapies passent par la parole, qui permet de tout exprimer sans passer à l’acte. Avec un professionnel, la parole est libératrice, elle s’humanise pour devenir dialogue, échange et communication. Mais une amie intime remplit aussi bien souvent le rôle de thérapeute ! Certains professionnels s’occupent de notre corps pendant que nous leur ouvrons notre esprit : coiffeur, esthéticienne, pédicure, kinésithérapeute, masseuse… En position régressive, nous leur confions nos soucis intimes, et tous connaissent bien des détails de notre vie et bien des secrets d’alcôve !
Réapprenez à parler...
Au quotidien, nous ne discutons pas, nous échangeons des informations pratiques. Il faut retrouver le goût du simple bavardage, avec vos enfants notamment. Certes, ils ont appris leurs leçons, fini leur verre de lait et rangé leur chambre. Et si vous vous arrêtiez de les interroger sans cesse pour discuter avec eux ? Les enfants adorent jacasser, et ils profitent souvent de ces instants privilégiés pour raconter ce qu’ils ont dans la tête et qui parfois les perturbe. Éteignez donc la télévision pendant le dîner !
Au travail, le bavardage est un excellent moyen de défense, face au stress ou aux changements. Et c’est aussi en discutant devant la machine à café qu’on apprend qu’une place se libère au service comptabilité, que la DRH est mutée, que le boss compte s’associer à un grand groupe, ou que le comité d’entreprise propose des places pour le prochain festival de jazz ! Attention toutefois à ne pas diffuser de ragots et autres fausses rumeurs : cela risquerait de se retourner contre vous.
Bien sûr, ne négligez pas non plus le dialogue avec votre conjoint. A force de penser "il n’écoute pas ce que je lui dis", on finit par ne plus se parler pour rien. N’hésitez pas à discuter en attendant votre tour à la caisse du supermarché ou avec vos voisins dans l’ascenseur. Engagez la conversation, vous ne risquez rien, et un peu de spontanéité est si agréable ! Source Isabelle Delaleu
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