lundi 12 novembre 2012

Scholastique Mukasonga - Notre-Dame du Nil (Gallimard)

Ayant remarqué un faible nombre de critiques dans les médias autour d’un roman élu par un jury de journalistes et de critiques littéraires, j'ai choisi de poster ce billet pour dire un mot sur la "surprise" du Renaudot 2012 attribué à Scholastique Mukasonga. Elle ne figurait pas dans la sélection, mais elle a été distinguée le 7 novembre dernier avec le prix Renaudot pour son quatrième livre et premier roman Notre-Dame du Nil, publié dans la collection Romans noirs chez Gallimard.


Scholastique Mukasonga, née au Rwanda en 1956, a déjà reçu pour son roman le Prix Ahmadou Kourouma, décerné au Salon du livre de Genève, qui récompense un ouvrage, essai ou fiction, consacré à l'Afrique noire. Son précédant livre, La femme aux pieds nus, était un portrait de sa mère, assassinée en 1994 par les génocidaires hutus.

Crédits C. Hélie / Gallimard - Scholastique Mukasonga, prix Renaudot 2012 pour Notre-Dame du Nil (Gallimard).

Quatrième de couverture Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d'altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d'accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l'intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cœur de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota «ethnique» limite à 10 % le nombre des élèves tutsi. Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un «vieux Blanc», peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé.

Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d'insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d'autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu'il a bâti pour elle. Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c'est, dans ce microcosme existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d'une écriture directe et sans faille.

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