Xavier Veilhan - Orchestra - Exposition à la Galerie Perrotin jusqu'au 12 novembre 2011...
Orchestra sonne sous la direction de l’artiste Xavier Veilhan telle une polyphonie d’objets renouvelant la perception de l’espace de la Galerie Perrotin à Paris. Cet événement, par les œuvres présentées — pour la plupart inédites —, marque un tournant en même temps qu’il amorce un retour introspectif dans la démarche de l’artiste.
Les nouvelles formes présentées ne sont pas une négation des travaux antérieurs, mais plutôt inscrites dans leur continuité. Le Mobile n°4 ou les Stabiles se placent par exemple dans le champ ouvert par Calder et exploité de manière contemporaine à plusieurs reprises par Xavier Veilhan. Il revient aussi à la peinture, en nous présentant des images désuètes — arbres, oiseaux — de fabrication traditionnelle, qui tranchent à première vue avec la technicité de certaines œuvres comme Turbine et contredisent même l’autonomie de production des Pendule Dripping. Xavier Veilhan rappelle de ce fait son intérêt pour l’évolution de la technique au regard de l’histoire de l’art.
Crédit photo DR Veilhan / ADAGP, Xavier Veilhan au côté d'une de ses oeuvres, L'Oiseau, dans la galerie Perrotin
Orchestra est toutefois une synthèse paradoxale, car si les œuvres se placent dans une continuité conceptuelle ou thématique, elles marquent également un tournant visuel et formel dans l’approche de l’artiste. Marine par exemple, n’est pas facettée comme l’étaient les Architectes. Cette sculpture, plus vraisemblable, explicite le statut d’empreinte du réel qu’occupe la statuaire dans le travail de Xavier Veilhan. Les dispositifs de monstration englobent l’espace et instaurent une confrontation directe entre le spectateur et les figures représentées. Le Monument, véritable espace architecturé suprématiste — autre évolution de l’œuvre de Xavier Veilhan — est ainsi praticable par les visiteurs.
Crédit photo © Florian Kleinefenn — Veilhan/Adagp, Paris, 2011 — Courtesy Galerie Perrotin, Xavier Veilhan, vue de l’exposition Orchestra.
Orchestra est par conséquent une œuvre en soi, invitant à la déambulation et à la contemplation. Le public devient acteur de l’exposition en traversant par exemple Les Rayons, une œuvre qui évoque Fred Sandback et Jesús-Rafael Soto. Orchestra dépeint un nouvel espace entre réalité et fiction qui voit émerger un monument, rayonner une installation ou se mouvoir une turbine… autant d’éléments qui perturbent le réel. Cette composition s’achève magistralement avec le regard hypnotique d’un gorille. Choix dont l’artiste se justifie en exprimant « qu’il y a une propension naturelle à projeter des caractères humains sur des animaux, ce qui est une aberration par ailleurs, mais une belle aberration ». Ce regard transperçant invite à la contemplation et à la réflexion sur cette symphonie d’objets inédits, et clôt Orchestra d’un titre musical Gorilla Gorilla Gorilla. [Thomas Fort]
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