Au téléphone, je continue une conversation interrompue sur Facebook avec Laurence. A chaque fois qu'elle m'appelle, je pense à ma grand-mère, Mamie Laurence, que j'ai peu connu mais qui reste présente dans ma mémoire.
Si mon souvenir est bon, sa maladie fut assez brève et elle mourut paisiblement dans sa petite chambre. Ce fut un triste moment pour moi. Je devais avoir 16 ans, et elle... je ne sais pas, mais de très grand âge certainement puisque sa vie était un précaire miracle. Personne ne savait vraiment son âge et aucun document, faute d'état civil, ne pouvait prouver son âge avec certitude.
C’est auprès d’elle que je trouvais affection et réconfort. Elle m’apprit tout ce qu’elle put, me protégeant avec passion et, sans doute, un excès qui devait cultiver chez moi un désir irrépressible de différence, de « distinction » même, par rapport au reste de ma famille.
Mamie Laurence aimait écouter Juliette Gréco. C'est quelques années plus tard que mon père me le faisait remarquer. A chaque fois que j'écoute Juliette Gréco, je pense à elle. Je me souviens de Gréco en concert à l'Olympia en 2004 où elle nous avait offert un magnifique florilège de quelques-unes des plus belles chansons françaises du XXe siècle : Déshabillez-moi, La chanson des vieux amants, Pour vous aimer, la Javanaise, Ne me quitte pas... souvent déjà marquées par l’interprétation qu’en ont fait les géants de la scène qu’ont été Léo Ferré, Serge Gainsbourg, ou Jacques Brel. Son talent est intact. De toute façon, la scène métamorphose les artistes. Dès qu’ils sont sous les feux de la rampe, ils retrouvent l’énergie d’une immuable jeunesse.
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