Je m’intéresse à la politique, comme tout le monde, mais j'évite de discuter de ce domaine souvent complexe et où on ne tombe jamais d'accord sur les points de vue.
Le 6 mai dernier, près de la moitié des citoyens a voté pour Nicolas Sarkozy. Un peu plus de la moitié pour François Hollande. La campagne a été rude, une pure horreur médiatique. A ce sujet, nous avons et aurons encore les honneurs de la curiosité internationale. Il me semble qu’il faudra du temps pour que s’efface la tache imprimée dans la vie politique française par les excès médiatiques à l’encontre des uns et des autres...
De tout cela, ce matin, en regardant la passation des pouvoirs entre Sarkozy et Hollande, je remarque que les Français ont cependant conservé une conception étrangement royale des institutions de l'État et, plus particulièrement, de la présidence de la République. La phase de transition entre la présidence de Nicolas Sarkozy et celle de François Hollande nous en a donné un nouvel exemple et démontré qu'en France, « le roi ne meurt jamais ».
C’est ainsi qu’on a entendu, dès le 6 mai au soir de la diffusion des résultats des élections présidentielles, le président sortant reconnaître sa défaite et saluer son successeur, un peu comme l'avait fait en août 1715 Louis XIV agonisant d'une gangrène à la jambe, dans les derniers jours de sa vie, quand, faisant venir auprès de lui son arrière petit-fils et futur Louis XV, il lui dit : « Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut, pour cela, que vous éviterez, autant que vous le pourrez, de faire la guerre. C'est la ruine de mes peuples ; ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné en cela. J'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenu par vanité ; ne m'imitez pas, mais soyez un prince pacifique et que votre principale occupation soit de soulager vos sujets ».
Il transmettait ainsi, à l'avance, son pouvoir au vivant et témoignait ainsi que la fonction royale ne connaîtrait aucun intermède.
Crédit photo Jean-Claude Coutausse / French-politics pour Le Monde
Nous avons assisté le 8 mai dernier, à un moment fort et symbole de la continuité de l'Etat, par l’élégante initiative de la couronne déposée conjointement par le président sortant et par François Hollande sur la tombe du soldat inconnu. Par cette invitation au président fraîchement élu, Nicolas Sarkozy renouait avec une vieille tradition monarchique, celle de l'association, par le roi régnant, de son successeur à son règne, un peu comme l’avait fait, dès 987, Hugues Capet roi des Francs (987-996) et premier souverain de la dynastie capétienne, avec son fils, Robert le Pieux.
Ce 15 mai 2012, en le recevant à l'Elysée pour la passation des pouvoirs, la République confirme « la transmission de la couronne » ou plus précisément la continuité de l'Etat. Ainsi, pouvait-on imaginer de lire sur les lèvres de Nicolas Sarkozy ces mots : « François, je te confie les valeurs de la République et prends-en soin pendant les cinq années de la présidence... » (en supposant qu'ils se tutoient en coulisse).
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