Tôt ce matin, j'étais à l'aéroport de Roissy pour expédier un colis de médicaments au Congo pour ma mère qui en a besoin en urgence.
Les hasards de cette journée pluvieuse font que j’ai, deux fois aujourd’hui, rencontré une amie, une première fois au café où nous avons l'habitude de prendre un verre le dimanche, une deuxième fois en fin d'après-midi chez une amie commune. A chaque fois, nos conversations font naturellement allusion à l'Afrique.
Nous avons toujours beaucoup de choses à nous dire. Elle a voulu que je lui montre sur Internet, la région où j'ai vécu dans le sud du Congo, à Mbanza-Ngungu. C'est dans cette région, à 154 kilomètres de la capitale Kinshasa, que les européens aimaient s'installer pour profiter de son climat doux. La ville est située dans une région de collines et de vallons et un belvédère y culmine à 785 mètres d’altitude.
Nous retrouvons les photos des lieux que j'ai fréquenté, gamin de 10 ans que j'étais, et l'émotion m'envahit. J'essuie mes joues mouillées de larmes. Elle semble embarrassée d'avoir causé mes larmes et comprend vite la spontanéité avec laquelle je dis que j'aimerais retrouver cette région d'Afrique et ma famille. Celle de là-bas.
Crédit photo Panoramio.com - Vieille maison coloniale où nous avons vécu...
Je n'éprouve ni gêne ni honte de dire que mon histoire personnelle m'a éloigné du mode de vie et de l’horizon culturel de mes frères et soeurs. Ils ne vivent pas comme je vis. Je ne vis pas comme ils vivent et pourtant nous sommes frères et soeurs. C’est à la fois simple et terriblement compliqué.
Il est vrai que, pendant longtemps, j'ai omis la part de mon existence antérieure, et c’est en prenant des ans que je constate la nécessité de me réconcilier avec cette partie amputée de mon être.
"Je suis persuadé qu'un jour, inch allah, tes larmes d'émotion laisseront la place aux larmes de rire et de bonheur", me soufflait mon amie à l'oreille.
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