mardi 25 janvier 2011

Noires blessures : Roman de Louis-Philippe Dalembert

Je rejoins un ami à la bibliothèque de Nibelle et on discute de nos lectures récentes. L'idée me vient en tête de parler du roman de Louis-Philippe Dalembert, paru récemment aux éditions Mercure de France. J'ai lu le résumé intéressant fait sur le blog "Double je". Ceci m'a donné, naturellement, envie de lire le livre.

Louis-Philippe Dalembert aborde son texte avec sa double culture haïtienne et occidentale. Il donne à voir avec objectivité et réalisme les deux continents. il montre l’Afrique sans concession dans toute sa réalité : ses habitants qui « se mangent entre eux pour des bagatelles », parce que le voisin possède plus que l’autre. Il dit la misère, le chômage, la faim. Il donne à voir le racisme de certains Blancs, les relations dominants dominés qui existent encore en ce début de XXIe siècle, le relent colonialiste qui subsiste toujours dans certains esprits : avec le Blanc méprisant et arrogant, le Noir respectueux, exploité, soumis, inhibé malgré sa conscience aiguë du problème et son orgueil, parce que contraint de travailler pour faire vivre sa famille, « pour ne pas retomber dans la poussière ». Dans Noires blessures, Louis-Philippe Dalembert insiste sur l’ambivalence profonde de l’être humain, écrivait Annie Forest-Abou Mansour sur le blog "L'écritoire des muses".


Le Mot de l'éditeur : Noires blessures
Mamad tente d’ouvrir les yeux, mais il n’y parvient pas. Ses paupières, gorgées de sel et de sang, refusent d’obéir à son cerveau. Autour de lui, les objets continuent de flotter dans le brouillard. Un goût d’hémoglobine traîne sur ses lèvres sèches et bouffies. En face de Mamad, le Blanc est méconnaissable. Il a les yeux injectés de sang. Une épaisse écume blanchâtre auréole les commissures de ses lèvres. Les veines de son cou tendues à se rompre. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front, qu’il essuie du revers de sa manche retroussée, entre une calotte et une autre. Mamad n’a plus la force de crier. Du regard, il implore pitié. Mais le Blanc cogne, tel un forcené, tout en crachant ses injures.

Deux hommes s’affrontent quelque part dans la jungle africaine. Laurent Kala, le Blanc, pris de folie furieuse, est sur le point de tuer Mamad, son domestique noir... Comment les deux hommes en sont-ils arrivés là ?
Issu d’une famille nombreuse, Mamad n’a pas connu son père. Pour faire vivre la famille, sa mère vend des fripes sur les marchés. L’école est loin : chaque jour Mamad parcourt des kilomètres à pied, l’estomac vide. Cacher à ses camarades de classe sa situation précaire, maîtriser les nausées qui lui tordent l’estomac… tel est son combat quotidien. Grâce à son exceptionnelle mémoire, Mamad a peut-être une issue : décrocher une bourse, faire des études, trouver un emploi et mettre la famille à l’abri. S’il échoue, il lui restera la solution de tous les désespérés de la terre : fuir son pays vers un avenir meilleur.

Laurent Kala, Français expatrié, travaille pour une ONG. Il a grandi dans le XIVe arrondissement. Il a perdu son père alors qu’il avait dix ans, tué lors d’une manifestation de protestation contre l’assassinat de Martin Luther King. Son père était particulièrement attentif à la cause des Noirs, ce qui a toujours intrigué Laurent. Comment le fils de cet humaniste a-t-il bien pu se transformer en bête féroce et sanguinaire ?
A la fois grave et tendre, et non sans humour, le roman de Louis-Philippe Dalembert dresse des portraits émouvants d’hommes et de femmes accrochés à leur humanité, au milieu des relents de racisme et de colonialisme engendrés parfois par la présence à l’étranger d’expatriés français.



Louis-Philippe Dalembert est né à Port-au-Prince en 1962. Romancier, nouvelliste, poète et essayiste, cet ancien pensionnaire de la villa Médicis a publié notamment L'autre face de la mer (prix RFO), Rue du Faubourg-Saint-Denis et Les dieux voyagent la nuit (prix Casa de las Americas).

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