Inaudible à son époque, Albert Camus a retrouvé, cinquante ans après sa mort, ses lettres de noblesse. Cité, revendiqué, commenté, rarement critiqué, l’auteur de "L’étranger" est devenu une référence pour penser le monde.
Cinquante ans plus tard, le projet de Nicolas Sarkozy de le faire entrer au Panthéon a provoqué l'une de ces polémiques politico-littéraires dont la France a le secret, autour d'un homme épris de justice devenu un symbole national.
Né le 7 novembre 1913 en Algérie, Camus est un homme du peuple, l'écrivain issu d'un milieu très pauvre, ce qui le distingue dès le départ des autres intellectuels. Orphelin de père avant l'âge d'un an, sa mère est femme de ménage et ne sait ni lire ni écrire. Surtout, Albert Camus est un pur produit de l'école républicaine. Son instituteur le repère et réussit à lui faire faire des études.
Il publie son premier livre à 24 ans, puis s'installe à Paris, s'engage dans la Résistance et prend la direction du journal clandestin "Combat". En 1945, il est l'un des rares intellectuels occidentaux à dénoncer l'usage de l'arme atomique après le bombardement d'Hiroshima.
Dès les années 1940, Camus développe avec "Le mythe de Sisyphe" sa philosophie de l'absurde : l'homme ne trouve pas de cohérence dans la marche du monde et n'a d'autre issue que de se révolter.
Mais il se veut d'abord écrivain, au style limpide, abordable par le plus grand nombre. Un écrivain qui dérange, hors des clans et des systèmes. Homme de gauche, il dénonce le totalitarisme en Union Soviétique et se brouille avec Jean-Paul Sartre. Français d'Algérie, il refuse le terrorisme d'où qu'il vienne, quand la gauche soutient la lutte pour l'indépendance algérienne.
Dans son discours du Nobel, Camus se définit lui-même comme un artiste. "Il disait qu'il voulait parler pour ceux qui n'ont pas la parole ou sont opprimés", confie sa fille Catherine Camus.
Ses romans, courts, denses, "L'étranger" (1942), best-seller en édition de poche, "La peste" (1947), "La chute" (1956), régulièrement au programme des lycées, l'imposent dans le paysage intellectuel français. Et ses prises de position politiques le font connaître dans le monde.
Crédit photo AFP, Albert Camus le 17 octobre 1957
C'est cet homme, libre, séducteur, que l'Académie Nobel consacre en 1957 pour une oeuvre à peine entamée qui met en lumière les problèmes qui se posent "à la conscience des hommes
Avec l'argent du Nobel, Albert Camus achète une maison à Lourmarin dans le Vaucluse. Le 3 janvier 1960, il quitte le village à bord de la Facel Vega de 355 chevaux conduite par son ami Michel Gallimard. Direction Paris. La veille, sa femme et ses deux enfants ont pris le train du retour en gare d'Avignon.
Le 4 janvier 1960 à 13H55, le bolide s'encastre dans un platane en bordure de la nationale 5. Albert Camus est tué sur le coup. Michel Gallimard décède quelques jours plus tard. On retrouvera dans la serviette de l'écrivain les 144 feuillets du "Premier homme", le roman qu'il consacrait à sa mère et qui ne paraîtra que bien plus tard, en 1994.
En projetant de le "panthéoniser", Nicolas Sarkozy a provoqué la colère de la gauche et de nombreux intellectuels qui ont crié à la "récupération". 50 ans après sa mort, Camus, "l'homme révolté", suscite toujours les passions. (Source AFP)
2 commentaires:
Du moment que la décision de sa fille Catherine est respectée, la polémique sera oubliée dans cinquante ans...
Très belle soirée à vous
Oui, oui, oui...Merci pour votre visite.
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