Protéger les rhinocéros, une espèce menacée d'extinction, s'annonce difficile aussi bien en Afrique qu'en Asie où le marché noir pour les cornes de ces mammifères est en pleine expansion, facilité par l'utilisation de moyens très sophistiqués par les braconniers.
L'épicentre du massacre a lieu en Afrique du Sud qui concentre plus de 70% de la population mondiale de rhinocéros. En 2010, 316 animaux ont été braconnés contre 122 l'année dernière et moins de 10 il y a deux décennies, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).
"Cette année a été désastreuse pour la protection des rhinos", se désole Joseph Okori, coordinateur chargé des rhinocéros africains au sein du WWF.
"Les organisations criminelles en Afrique du Sud opèrent avec une technologie très avancée. Elles sont très bien coordonnées. Ce n'est pas le braconnage habituel", souligne-t-il. Hélicoptères, armes silencieuses, lunettes à infrarouge et tranquillisants tendent à remplacer fusils ou simples lances des chasseurs locaux.
Il ne reste plus que 25.000 rhinocéros dans le monde dont trois espèces en Asie et deux en Afrique de l'Est et australe, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Quatre d'entre elles sont aujourd'hui menacées d'extinction, précise la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).
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La chasse et la déforestation ont fait des ravages en Asie: les rhinocéros de Java et Sumatra sont classés comme des espèces en danger critique d'extinction et celui d'Inde comme vulnérable.
Sur le continent noir, ces grands mammifères ont été décimés par la chasse au XIXe et XXe siècle mais grâce à la création de parcs nationaux et à la lutte contre le braconnage, la population de rhinocéros blancs atteint aujourd'hui 17.500 et celle des rhinos noirs 4.200, précise l'UICN.
Ces efforts pourraient cependant être annihilés par l'Asie où une corne de rhino peut être vendue 70.000 dollars et même beaucoup plus sur le marché noir malgré l'interdiction de la CITES.
Sa corne est utilisée pour faire baisser la fièvre dans la médecine traditionnelle chinoise. Elle est également très prisée par les Vietnamiens pour prétendument soigner le cancer dans un pays où croyances et croissance économique favorisent le braconnage, selon Traffic (Commerce international des espèces sauvages). Traffic, un programme commun du WWF et de l'UICN, veille à ce que le commerce des espèces sauvages ne menace pas la conservation de la nature.
"Le Vietnam est d'un seul coup apparu au milieu des années 2000 comme un nouveau marché. C'est le plus grand aujourd'hui dans le monde", estime Tom Milliken, directeur de Traffic pour l'Afrique de l'Est et australe.
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Il vient d'accompagner une délégation de responsables sud-africains dans ce pays d'Asie du Sud-Est pour tenter de juguler ce commerce illégal mais aucun accord n'a été conclu.
Face à l'ampleur du phénomène, les parcs nationaux sud-africains ont pris des mesures drastiques en créant en octobre une "unité de combat contre le braconnage des rhinocéros".
D'autres choisissent de couper les cornes comme au Zimbabwe voisin, d'installer des puces électroniques, de renforcer les patrouilles ou d'infiltrer des réseaux criminels.
"Il y a une demande illimitée et si on ne s'attaque pas à la source, cela va se déplacer dans d'autres pays comme on l'a déjà vu auparavant", prévient M. Milliken. Copyright © 2010 AFP - Joshua Howat Berger.
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