lundi 6 décembre 2010

Romain Gary des Racines du ciel à La Vie devant soi : Exposition au Musée des lettres et manuscrits

«J’ai fait un pacte avec ce monsieur là-haut, vous connaissez ? J'ai fait un pacte avec lui aux termes duquel je ne vieillirai jamais.» Romain Gary

Exposition au musée des lettres et manuscrits jusqu'au 20 février 2011...
Trente ans après sa disparition (le 2 décembre 1980), le Musée des lettres et manuscrits fait revivre à travers ses écrits Romain Gary, l’homme au deux Goncourt, le mystificateur sublime, héros, diplomate, écrivain, cinéaste, grand reporter, grand séducteur, dans toute sa complexité et son humanité vibrante et douloureuse. À travers quelque 160 pièces uniques, notamment un premier roman totalement inédit, et divers manuscrits, lettres autographes, articles de presse et photographies, voici le portrait kaléidoscopique de celui qui éprouva si bien « l’effort d’être un homme ». Pour plus d'informations, lire ici


Le mot de Gérard Lhéritier, Président du Musée des lettres et manuscrits
La qualité des expositions dans la sélection des manuscrits, c’est la promesse de l’aube faite par le Musée des lettres et manuscrits, ces racines qui devaient nous conduire un jour au ciel de Romain Gary. Ce sera chose faite à partir du 3 décembre, au lendemain du trentième anniversaire de sa disparition, avec une exposition consacré à ce prodigieux écrivain. Cet homme est un mystère à plusieurs visages, l’approcher au plus près, un défi. Le seul chemin pour y parvenir est bien sûr d’aller au plus intime de ses manuscrits les plus authentiques, les plus mystérieux. C’est ce que va permettre pour la première fois en France et dans le monde cette exposition exceptionnelle qui rassemble la plus importante collection d’écrits de Romain Gary. Cet événement culturel unique et inédit mobilise déjà les chercheurs et les critiques, les éditeurs et les biographes.

C’est sous le nom d’Emile Ajar (« braise » en russe) que Romain Gary va susciter le plus fameux scandale littéraire du XXe siècle. Souffrant d’être incompris par une critique dont il veut mettre les préjugés à l’épreuve, il s’invente une autre identité et rédige plusieurs romans avec une créativité renouvelée, dont Gros-câlin (1974), La Vie devant soi (1975), et L’Angoisse du Roi Salomon (1979). Gary demande à son cousin Paul Pavlowitch d’assumer ce personnage auprès des médias, mystification qui ne sera révélée qu’après sa mort, et faisant de Romain Gary le seul auteur ayant obtenu deux fois le prix Goncourt, en 1956 pour Les Racines du ciel puis en 1975 pour La Vie devant soi. Traité avec une certaine condescendance par la critique de son vivant mais lu et apprécié par un public fidèle qui fait un triomphe à ses livres, Romain Gary a vu un certain nombre d’entre eux portés au cinéma, notamment Les Racines du ciel en 1958, réalisé par John Huston avec Errol Flynn, Juliette Gréco et Orson Welles, La Vie devant soi qui donne en 1977 un de ses plus grands rôles à Simone Signoret ou Clair de femme en 1979, réalisé par Costa-Gavras avec Yves Montand et Romy Schneider.

Jaloux de son indépendance, Gary s’est tenu à l’écart des coteries littéraires et politiques. La résistance est un mot-clé pour comprendre un auteur qui présente souvent des héros en lutte contre des puissances qui les dépassent. Son œuvre porte en filigrane la marque de son combat pour la Libération, à l’origine d’une fidélité jamais démentie au Général de Gaulle. Pilote de chasse dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL), résistant, diplomate, voyageur, homme de lettres et séducteur, il est le grand mystificateur des lettres françaises. Sa revanche posthume et jubilatoire contre ceux qui sous-estimaient Romain Gary et portaient Emile Ajar aux nues est celle de Janus, le dieu des portes, ouvertes dans ses temples en temps de guerre et fermées en temps de paix. Mais s’il est une guerre que Janus-Gary-Ajar a menée, c’est celle de l’humain contre la bêtise et, par son œuvre, de la vie contre la mort. Estimant qu’il avait passé la limite au-delà de laquelle son ticket n’était plus valable, il a prouvé par son dernier geste qu’il n’était pas besoin que l’arbre demeure sur pied pour que les racines montent pour toujours au ciel.

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